Un orfèvre au cœur de la transmission
C’est à travers un parcours atypique, du travail d’objets imposants à la minutie de l’orfèvrerie que Clément a construit son savoir-faire et ses connaissances des objets précieux, qu’il transmet aujourd’hui aux apprenants de l’IBS.
Son parcours
Très jeune il commence sa formation chez les compagnons du devoir en chaudronnerie. Après son tour de France, il a la chance d’être boursier de la Fondation Pierre de Coubertin, la plus grande fonderie d’art d’Europe. Il y travaille sur des œuvres monumentales et pressent déjà son attirance pour le travail en finesse. C’est pendant un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle que Clément Notel rencontre un orfèvre qui lui fait découvrir son atelier et partager sa passion. C’est un déclic, qui entraine une profonde réflexion sur son métier. Il décide alors de refaire un apprentissage, en orfèvrerie, pour la beauté des matériaux, la finesse du travail et le savoir-faire ancestral qui lui sera transmis. Il entre dans la grande maison d’orfèvrerie Puiforcat puis à la Maison Christofle et parfait sa formation à la HEJ.
Il passe ensuite par une expérience dans l’aéronautique, par curiosité pour les métaux rares comme le titane et l’inconel et pour se familiariser avec des techniques innovantes. Il y découvre un autre monde, celui de l’industrie aux grands moyens financiers et technologiques, loin des outils ancestraux et rudimentaires de l’artisanat. Il n’abandonne pas pour autant le savoir-faire traditionnel de l’orfèvrerie et continue de travailler avec des antiquaires en restauration de patrimoine.
Aujourd’hui très investi dans la pérennité du métier d’orfèvre, il défend la nécessité de recruter de nouveaux talents, capables de prendre la relève des gestes. Il souhaite transmettre aux apprenants des techniques avant qu’elles ne tombent dans l’oubli, comme le planage qui permet à l’artisan d’être autonome avec un véritable tour de mains, sans dépendre d’une technologie complexe. C’est notamment ce qu’il applique à travers les projets avec les étudiants en DNMADE « Objet Bijou » ou les apprentis, avec lesquels il travaille sur un projet de reproduction de couronne du XVème siècle pour la collection du Château d’Angers.
L’avenir de l’orfèvrerie
Parallèlement, il souligne la nécessité d’ouvrir l’orfèvrerie à de nouveaux talents créatifs : « En France l’orfèvrerie semble désuète mais pas à l’étranger. En Angleterre il existe le concours du couvert annuel, qui promet l’innovation dans les styles. »
C’est donc une véritable réflexion sur l’orfèvrerie de demain qui lui tient à cœur : « Il faut, au-delà des gestes, expliquer aux apprenants ce qu’est l’orfèvrerie, d’où elle vient et ce qu’elle porte en elle, à savoir le travail de métaux précieux non périssables dans le temps. Il faut faire prendre conscience des questions qui feront l’orfèvrerie de demain : peut-on faire un art somptuaire ? Quelle est la place du bel objet qui traversera le temps ? Demain quels seront les rituels, les cultes, les cérémonies ? Quels seront les symboles de pouvoirs ? »
Face à tous ces enjeux, Clément Notel est plutôt optimiste quant au devenir de l’orfèvrerie : « L’orfèvrerie garde sa place : elle nous prouve à travers son histoire sa capacité à renaitre de ses cendres comme le Phoenix. » Et si on demande à Clément quels objets il souhaiterait créer demain, il répond : « une belle boite à montres ou plus modestement un étui à lunettes ».
L’IBS continue de former au CAP orfèvre en apprentissage et souhaite poursuivre la réflexion sur l’avenir de la formation, aux côtés de ses professionnels, pour transmettre le savoir-faire et donner une chance aux jeunes passionnés.
A la rentrée 2024, il sera également possible de candidater pour un CAP orfèvre en un an à temps plein.