« L’APPRENTISSAGE C’EST LA PLUS BELLE VOIE POUR S’EPANOUIR DANS UN METIER ET UNE CARRIERE ! »
Rencontre avec Stéphane Forestier, joaillier créateur à Rouen et son apprentie Cassandre Couvras, CAP sertissage
Par Marie Chabrol
1- Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous dire comment vous avez décidé de devenir joaillier ? Quels ont été vos parcours professionnels jusqu’à aujourd’hui ?
Cassandre Couvras : Bonjour à tous, je m’appelle Cassandre et je suis apprentie en sertissage. Avant de préparer ce diplôme, j’ai fait un CAP art et techniques de la bijouterie et un BMA en bijouterie. J’étais alors au lycée de Saint-Amand-Montrond. J’ai décidé de devenir joaillière car, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les pierres et les belles choses. Un jour, j’ai rencontré une professionnelle du métier et il y a eu une sorte de déclic. C’est devenu évident que je voulais faire des bijoux et je me suis lancée et je ne regrette pas de l’avoir fait.
Stéphane Forestier : Bonjour à tous, je m’appelle Stéphane Forestier. Je suis actuellement à mon compte dans le quartier des Antiquaires de Rouen où je possède ma propre boutique. A l’origine de tout ça, il y a une passion pour les pierres et je pensais m’orienter vers l’art lapidaire. Mais on m’avait un peu découragé, les débouchés étaient plus rares il y a presque vingt ans. Du coup, on m’a guidé vers le métier de sertisseur et finalement j’ai choisi de faire le cursus complet. J’ai donc démarré par la bijouterie-joaillerie puis le sertissage. J’ai donc passé un CAP, puis une Mention Complémentaire et le BP gemmologue. Je suis resté 7 ans chez mon maitre d’apprentissage puis 8 ans au sein de la Maison Lepage de Rouen. Et il y a cinq ans, j’ai pu acheter un fonds de commerce dans le quartier des antiquaires de Rouen et je me suis lancé pour mettre en valeur mon métier et les pierres gemmes.
2- Pourquoi avoir choisi la voie de l’apprentissage et qu’est-ce que cela vous apporte ou vous a apporté ?
C : Alors, au tout départ, je ne voulais pas partir en apprentissage. Je suis plutôt timide et je n’osais pas trop me lancer dans cette voie. Et puis, j’ai rencontré Stéphane Forestier chez qui j’ai effectué un stage. Nous avons alors beaucoup discuté à ce sujet et il m’a tendu une perche à ce sujet. Comme le stage s’était très bien passé et que je me sentais en confiance dans cette entreprise, j’ai sauté le pas. Au final, je dirais que cela m’a apporté la confiance en moi qui me faisait défaut. J’ai aussi appris à m’insérer dans une entreprise et dans le monde professionnel. Car, quand on est trop à l’école, on ne se rend pas compte de la réalité du monde du travail. J’ai ainsi appris à travailler avec les clients, j’ai rencontré les fournisseurs, j’ai acquis des connaissances sur les pierres, sur les prix…etc.
S : Pour dire les choses simplement, je n’étais pas fait pour le système scolaire classique. Une enseignante avait bien compris que je voulais travailler avec les pierres et j’ai donc fait des stages dont un dans un atelier de joaillerie. Et ce stage s’était très bien passé. J’ai réussi à trouver un patron et j’avais envie de travailler. Je n’ai jamais regretté cette décision car je me suis tout de suite retrouvé dans une organisation qui me plaisait vraiment. J’apprenais des choses à l’école et à l’atelier que je mettais en pratique dans mon quotidien. Et puis je voyais des pierres tout le temps, donc j’étais ravi. C’est comme cela que j’ai réussi à m’épanouir pleinement dans mon travail et dans ma carrière.
3- Comment avez-vous connu l’établissement de Saumur et pourquoi avoir décidé de venir vous former ici (ou de faire former vos apprentis ici) ?
C : Je connaissais l’école de Saumur avant de devenir apprentie. Quand j’ai fait des recherches pour connaitre les écoles, j’avais découvert l’IBS. Puis quand j’ai rencontré M. Forestier, il m’a dit qu’il avait fait son apprentissage ici et qu’il me recommandait l’école. J’ai aussi remarqué que souvent on nous conseillait cette école dans le monde professionnel pour la qualité de ses formations.
S : Je venais de Rennes à l’origine et même si mon patron était à Rouen, cela semblait être la meilleure solution. Alors j’ai circulé en train mais la ville est plutôt bien desservie. Le rythme école/entreprise à raison d’une semaine par mois environ était parfait pour mon entreprise, plus le fait que nous étions en entreprise en période de fêtes. Mon patron était content de l’organisation et m’a permis d’y faire tout mon cursus. J’ai été très heureux dans cette école et j’y ai obtenu des diplômes d’une grande qualité, cela me semblait évident d’y envoyer mon apprentie. Les enseignements y sont cohérents et j’aime vraiment l’accompagnement qu’on y reçoit.
4- Quels sont vos plus beaux souvenirs d’apprentissage ?
C : Ce n’est pas une question facile parce j’ai beaucoup de choses qui me viennent en tête. Mais si je dois en choisir un, je dirais que c’est quand M. Forestier m’a offert ma loupe avec un petit message personnel gravé dessus. Cette loupe lui avait déjà été transmise lors de son apprentissage. J’ai la chance d’avoir un maître d’apprentissage très investi dans ma formation et qui souhaite vraiment que je réussisse. J’ai été très touchée par ce joli geste.
S : Il y en a tellement ! Le plus beau, c’est certainement d’avoir pu trouver un patron qui m’a fait confiance durant sept ans pour que j’apprenne mon métier. Après il y a eu la gemmologie. J’ai adoré mes études dans ce domaine. Nous avons pu nous rendre à Anvers avec notre classe et cela a été une expérience incroyable car, avec l’aide de M. Griffon et son fils, nous avons pu rencontrer Eddy Elzas qui possède la Rainbow Collection, une collection spectaculaire de diamants de couleur. Comment oublier de tels moments et sans l’école de Saumur, je n’aurais jamais vécu ce genre d’événement !
5- De votre point de vue personnel – apprenti ou maitre d’apprentissage – quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent aujourd’hui se former aux métiers de la joaillerie ?
C : Je leur dirais qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer. Quand on est jeune, on a parfois peur. Et puis, nous ne sommes pas forcément encouragés à partir vers l’alternance quand nous sommes au collège ou au lycée car ce n’est pas perçu comme une belle voie d’études. Mais quand on est passionné, et quand on a déjà une petite idée du métier que l’on veut exercer, il faut absolument suivre sa voie. Il faut aussi avoir en tête que l’apprentissage demande de l’investissement personnel en termes de temps, il faut être en entreprise, suivre les cours, travailler chez soi souvent aussi. Il peut y avoir des moments décourageants. Mais ce que l’on y gagne est formidable. Je ne regrette pas d’avoir saisi l’opportunité proposée par mon maître d’apprentissage et tous les jeunes qui ont la possibilité de se former de cette manière se doivent de le faire.
S : Cela semble évident, mais je suis convaincu que ce métier doit se faire en alternance donc il faut trouver un patron. C’est nécessaire. Je sais bien que ce n’est pas si simple mais si c’est votre voie, il faut s’accrocher et chercher ! Je dirais aussi aux jeunes d’être curieux, de chercher des vidéos sur internet, de lire des livres sur la joaillerie, de comprendre le fonctionnement des outils, pourquoi pas d’essayer de bidouiller des petites choses. Un jeune qui arrive avec des connaissances préalables va convaincre son futur patron de sa motivation. Enfin, ce dernier message s’adresse aux parents, n’ayez pas peur de laisser partir vos enfants vers l’alternance. Maintenant il y a des diplômes de niveau bac et même de niveau supérieur. Donc même si vous quittez l’école en 3e, vous pourrez obtenir des diplômes supérieurs par l’alternance même si vous commencez dès 16 ans. Si votre enfant est fait pour ça, foncez et accompagnez-le dans une voie dans laquelle il va s’épanouir pleinement !