Il y a des villes où il est nécessaire d’aller quand on travaille dans le domaine de la joaillerie. Paris bien sûr, mais aussi Londres, New-York ou encore Genève font partie de ces capitales où les bijoux trouvent un terrain d’expression idéal.
Découverte du salon GemGenève
Alors quand l’équipe du salon GemGenève a appelé l’IBS pour prévenir, fin septembre que le salon avait lieu, nous avons organisé un déplacement pour les apprenants du Brevet Professionnel Gemmologue. Les 1ères et 2èmes années ont donc eu la possibilité de passer presque 3 jours en Suisse pour s’imprégner de la ville, de sa culture et des opportunités professionnelles qu’offrent la ville qui s’épanouit au bord du lac Léman. Rendez-vous était donné dès le mercredi 3 novembre pour l’ouverture et le vernissage d’un salon qui s’annonçait aussi étonnant que spectaculaire. Et les premières heures passées à Palexpo ne nous ont pas déçus. L’émotion était également palpable pour nous tous après plus de 2 ans sans manifestation et sans contact autres que les visioconférences. Quel plaisir ce fut de croiser les Maisons Piat, Faerber, Isabelle Fa, Imagem et les équipes de nombreuses entreprises qui ont accueilli les apprentis de l’école ! Dès le jeudi 4 novembre au matin, nous avions rendez-vous à la gare de Genève Cornavin pour accueillir les élèves. Passage de la douane sans encombre et il est temps d’attraper la ligne 5 pour nous rendre au salon. Après avoir passé les contrôles d’identité et fait réaliser les badges, nos jeunes gemmologues et lapidaires ont ainsi pu explorer le salon et demander aux exposants de pouvoir sortir et manipuler pierres et bijoux pour leur plus grand plaisir. Les découvertes ont été multiples et les émotions nombreuses. Ici des spinelles incroyables, là des tourmalines paraïba aux couleurs impossibles, plus loin un bracelet avec des émeraudes de Sandawana dont le prix total incluant les diamants était de plus de 700.000 dollars. GemGenève offre la possibilité de se frotter à la crème de la crème du métier. Les matières proposées sont aussi rares qu’exceptionnelles et les prix le sont donc tout autant. Les négociants se sont montrés d’une gentillesse absolue avec les jeunes, leur permettant de manipuler des matières et des bijoux dont les prix dépassaient souvent le million de dollars. Diamants verts, saphirs du Cachemire, bijoux signés par les plus grandes maisons, parures délirantes aux milliers de pierres de la meilleure qualité, opales aux couleurs irréelles, il y avait de quoi contenter tous les esprits. Si l’expérience de ce salon est marquante pour les professionnels, elle l’est encore plus pour des jeunes en formation qui viennent, ici, enrichir leurs connaissances et découvrir une facette bien particulière de leur métier, celle de la haute joaillerie et des matières rares comme recherchées. La confrontation avec les prix est aussi bénéfique car elle permet de mieux comprendre la valeur des pièces et le caractère unique de la grande majorité d’entre elles. Enfin, se confronter à des professionnels exigeants permet d’apprécier les opportunités de travail existantes, à condition de travailler et de monter en compétences pour y accéder.
La Luxury Week de Christie’s et Sotheby’s
Vendredi matin, nous avions rendez-vous chez Christie’s à l’Hôtel des Bergues où la célèbre maison de ventes aux enchères expose ses lots en prévision de la vente qui était, cette année, programmée le 9 novembre. Parmi les objets à ne pas manquer : les bracelets de la Reine Marie-Antoinette ou la tiare de Pauline Borghese, la sœur de Napoléon. Sans parler des rubis de la couronne de France qui avait disparu après la vente désastreuse de 1887. Jean-Marc Lunel, Senior international specialist, a pris le temps de recevoir notre groupe et de leur montrer de nombreux lots : ici un superbe collier Marchak, là un collier zip de la maison Van Cleef & Arpels. Mais le moment le plus intense revient aux quelques minutes qui furent offertes aux apprenants de manipuler les bijoux de la Reine de France Marie-Antoinette. Estimés entre 2 et 4 millions de dollars, les apprenants apprirent quelques jours plus tard l’adjudication à plus de 8 millions à un collectionneur européen. Outre les bijoux, notre groupe a aussi pu profiter des montres et découvrir cette facette qui fait la réputation de la Suisse avec ces grandes manufactures telles que Rolex, Patek Philippe ou Audemars Piguet. Le vendredi après-midi, retour sur le salon de GemGenève pour assister à une table ronde sur les principes de traçabilité des gemmes. Cette rencontre était organisée par l’association Gemmologie & Francophonie avec des intervenants reconnus pour leurs expertises pointues de l’industrie. Il fut instructif d’écouter Aurélien Delaunay (LFG), Jean-Pierre Chalain (SSSEF) ou encore Franck Paucod (Mazars) ou Nawal Ait-Hocine (A positive impact, RJC) sur la manière dont les laboratoires et les professionnels du négoce essaient de trouver des solutions pour rendre le métier plus responsable et plus transparent. Mais le chemin est encore long. Une fondue et une bonne nuit de sommeil plus tard, il était temps de se rendre chez Sotheby’s. Là-encore, bijoux exceptionnels, pierres gemmes rares avec des provenances remarquées telles que les Romanov ou Joséphine de Beauharnais. Reçus par Marie-Cécile Cisamolo, Sénior spécialist, nous avons découvert de nombreuses pièces de qualité muséale. L’occasion pour les apprenants de manipuler des bijoux signés de René Lalique, de Chaumet, de Cartier et de bien d’autres maisons. Ici aussi beaucoup d’émotions pour les jeunes qui ont découvert un univers qu’ils ne connaissaient pas ou n’osaient pas approcher. L’expérience s’est révélée très enrichissante pour eux. La journée s’est terminée par un repas au bord du lac de Genève et un passage obligatoire par quelques tablettes de chocolat. A 16 heures, il était temps de passer la douane pour rentrer en France. Des étoiles pleins les yeux et des souvenirs mémorables gravés dans la tête !